Adopter un American Bully, c’est souvent un coup de foudre pour son physique puissant et son air affectueux. On imagine un compagnon loyal, confiant, impressionnant mais gentil. Pourtant, derrière cette allure rassurante se cache une responsabilité enorme.
Si vous n’êtes pas bien informé, l’expérience peut rapidement devenir source de stress, d’angoisse, voire de litige légal. Cet article vous accompagne pour éviter les erreurs les plus courantes et faire de cette relation un vrai partenariat.
Une race sous surveillance : loi, chiffres et préjugés
L’American Bully, en particulier la version XXL, est désormais un chien très réglementé dans plusieurs pays. Au Royaume-Uni, où la race représente moins de 1 % des chiens, elle a été impliquée dans plus de 50 % des attaques mortelles recensées entre 2021 et 2023 — c’est-à-dire 10 décès sur 19 au total .
En réponse, le gouvernement interdit strictement sa détention, vente ou élevage depuis fin 2023.
En Suède également, la race continue de croître, avec 5 538 chiens enregistrés en 2023, mais elle est souvent reconduite entre foyers, faute de préparation adéquate . Ces bredouilles statistiques montrent que derrière la beauté de cette silhouette musclée, se dessine parfois un réel danger… ou de lourdes sanctions administratives.
Erreur 1 – Sous-estimer l’importance de la socialisation
Beaucoup pensent qu’un American Bully est naturellement calme. À tort. Sans une socialisation systématique dès le plus jeune âge, ce chien puissant peut devenir instable, voire dangereux. Des erreurs comme ignorer le « drive » de dominance ou ne pas instaurer un environnement de renforcement positif peuvent conduire à des comportements non contrôlés — voire agressifs .
Imaginez un bambin de 50 kg sans règles, dans un parc : le résultat est prévisible. Le Bully a besoin de limites claires et d’une socialisation progressive — enfants, inconnus, autres chiens, bruits inattendus. Sans cela, le chien peut développer des réactions excessives — une erreur classique à éviter absolument.
Erreur 2 – Ignorer son besoin d’exercice et de cadre
Vous l’adoptez pour son physique, mais sans cadre ni activité, cette force devient un véritable problème. L’American Bully est un chien puissant et actif, qui a besoin d’être stimulé physiquement et mentalement. Le laisser inactif, c’est le pousser vers des comportements destructeurs : fugue, aboiements excessifs, destruction d’objets.
Un propriétaire témoignait : après avoir laissé le chien plusieurs heures sans sortie, il est rentré pour trouver… toute la décoration de son salon saccagée. Parce qu’un Bully sous-stimulé compense son ennui avec panache.
Il nécessite un environnement sécurisé — clôtures solides, jouets, hiérarchie établie — sinon, la puissance qu’il incarne devient vite un problème.
Erreur 3 – Ne pas prendre sérieusement sa santé spécifique
Certaines prédispositions médicales sont trop souvent négligées : syndrome brachycéphale, dysplasie de la hanche ou du coude, problèmes dermatologiques chez les sujets « merle ». Pourtant, des tests génétiques et orthopédiques sont disponibles. Sans eux, on prend le risque de lourdes dépenses vétérinaires.
Certains propriétaires débutants ne vérifient rien et se retrouvent avec un chien malade, douloureux, voire dépendant à long terme. L’erreur est fréquente : ne pas anticiper les coûts et les fragilités de cette race moderne. Une visite chez un vétérinaire spécialisé dès les premiers mois est essentielle.
Erreur 4 – Sous-estimer l’impact des lois locales
Ignorer les obligations légales est une erreur dangereuse : au Royaume-Uni, comme indiqué, la détention de l’American Bully XL peut entraîner des sanctions pénales, y compris euthanasie obligatoire, saisies ou amendes, même pour des propriétaires responsables .
Une infraction mineure ? Un simple lâcher en public peut suffire à déclencher des sanctions très sévères. Certains propriétaires ont vu leur chien confisqué malgré un comportement impeccable. Se renseigner avant l’adoption est donc une étape indispensable.
Erreur 5 – Ne pas repérer ou comprendre les signaux du chien
Le Bully teste énormément les limites. Certains signaux — rigidité corporelle, morsure fantôme, refus d’obéir — sont souvent incompris. Une réaction mal interprétée peut vite dégénérer. Or, ces signaux peuvent être anticipés si l’on comprend que cette race est perçue comme dominée — il faut donc savoir lire son attitude.
Des cas récents ont été relayés dans les médias où des familles ne comprenaient pas pourquoi le chien montrait de la dominance soudaine. Le manque de vigilance entraîne parfois des incidents graves — d’autant plus que le Bully XL possède une puissance non négligeable.
Positionner une structure éducative claire, soutenir la hiérarchie familiale clairement, le renforcement positif et observer les signaux corporels sont des compétences clés.
Conseils pratiques pour éviter ces erreurs
- Formation précoce avec un éducateur professionnel, dès chiot.
- Socialisation variée, avec des humains, enfants, chiens, bruits et lieux différents.
- Exercice régulier : balade active, jeux sécurisés, sports canins adaptés.
- Suivi de santé strict, avec dépistage génétique et orthopédique.
- Respect des lois locales : permis, limites publiques, assurance… tout faire dans la légalité.
- Observation fine du comportement : apprendre à déchiffrer ses signaux pour prévenir les crises.
Conclusion : puissance et responsabilité vont de pair
Adopter un American Bully, c’est bien plus qu’un coup de cœur esthétique. C’est accepter une relation exigeante, structurée, nécessitant formation, vigilance et respect des lois. Les erreurs que beaucoup commettent aujourd’hui peuvent transformer un rêve en cauchemar.
Mais avec une préparation et une attitude responsable, cette race peut offrir une compagnie fidèle, rassurante et profondément enrichissante.
Ce qui compte, c’est moins ce que vous attendez de votre Bully, que ce que vous êtes prêt à lui donner en retour.
