C’est en ramassant les déjections de votre chien que vous remarquez une petite trace rouge. Le cœur s’emballe, mille scénarios défilent : a-t-il mangé quelque chose de dangereux ? Est-ce grave ? Faut-il courir chez le vétérinaire ?
Ce genre de situation, beaucoup de maîtres l’ont vécue, et elle provoque toujours le même mélange de panique et d’incertitude. Mais avant de céder à l’angoisse, il faut comprendre ce que signifie la présence de sang dans les selles, quand cela relève d’une urgence et comment réagir intelligemment.
Pourquoi du sang dans les selles ? Panorama des causes possibles chez le chien
Le sang dans les selles d’un chien n’a pas une seule explication. Il peut être le signe d’une simple irritation passagère ou d’une affection bien plus sérieuse. Parmi les causes les plus fréquentes, on retrouve les colites aiguës liées à l’ingestion d’aliments inadaptés, comme ce morceau de pizza chipé sur la table basse ou un os trop gras.
Les parasites intestinaux — vers ronds ou ténias — figurent également dans les suspects récurrents. Dans certains cas, un changement trop brutal d’alimentation suffit à perturber le système digestif et à provoquer un léger saignement.
Mais il existe aussi des raisons plus préoccupantes : la présence de corps étrangers (morceaux de jouet avalés), des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, voire des tumeurs.
Un rapport vétérinaire souligne que les diarrhées sanglantes représentent jusqu’à 10 % des motifs de consultation digestive en urgence. Cela montre bien que, même si ce n’est pas toujours dramatique, il ne faut jamais prendre ce signe à la légère.
Un exemple concret ? Max, un labrador de 4 ans, avait pour habitude de grignoter les restes dans la poubelle. Un matin, son maître a découvert des selles tachées de sang. Après examen, il s’agissait simplement d’une gastrite passagère due à son festin clandestin.
Mais un autre chien, cette fois un beagle, a présenté le même symptôme et, après échographie, un corps étranger a été identifié dans l’intestin. Comme quoi, derrière un même signe, les scénarios peuvent varier du simple au très sérieux.
Quel type de sang, quelle gravité ? Une question de nuance
Tous les saignements ne se ressemblent pas, et la couleur du sang donne de précieux indices. On distingue deux grandes catégories :
- L’hématochézie : du sang rouge vif, souvent visible en surface des selles. Cela traduit un saignement provenant du côlon ou du rectum. Il peut s’agir d’une irritation bénigne, mais aussi d’une colite plus marquée.
- Le méléna : des selles noires, goudronneuses, liées à la digestion de sang provenant des parties hautes du tube digestif (estomac, intestin grêle). Ce signe est plus inquiétant, car il peut indiquer un ulcère, une ingestion de toxique ou une hémorragie interne.
Ces nuances sont essentielles : un petit filet rouge après un épisode de constipation ne provoque pas la même inquiétude qu’un méléna associé à de la léthargie. Une étude vétérinaire française souligne que la présence de sang digéré (méléna) est associée à une mortalité plus élevée que l’hématochézie simple. C’est pourquoi la vigilance doit être accrue lorsque les selles sont très foncées ou goudronneuses.
Prenons un exemple du quotidien : imaginez que votre chien sorte de chez le vétérinaire après un traitement anti-inflammatoire. Quelques jours plus tard, ses selles deviennent noires.
Là, il faut immédiatement consulter, car certains médicaments peuvent provoquer des ulcères gastriques. À l’inverse, un chiot qui a mangé trop vite et présente un peu de sang frais dans ses selles peut simplement avoir une irritation passagère. C’est toute la subtilité du diagnostic.
La présence de sang dans les selles est-elle une urgence chez le chien ?
La grande question que se posent tous les maîtres : faut-il foncer aux urgences vétérinaires ? La réponse est nuancée. Si vous observez une petite quantité de sang rouge vif sans autre symptôme, vous pouvez vous donner 24 à 48 heures de surveillance. Cela dit, si le problème persiste ou s’aggrave, le rendez-vous chez le vétérinaire s’impose.
En revanche, il y a des situations où l’attente est dangereuse. Sang abondant, présence de caillots, diarrhées continues, vomissements associés, perte d’appétit, apathie… autant de signes qui exigent une consultation rapide. Les chiots, chiens âgés ou animaux immunodéprimés sont particulièrement fragiles.
Dans leur cas, il est préférable de ne pas tergiverser. Selon certaines estimations cliniques, près de 30 % des chiens amenés en urgence pour selles sanglantes présentent une pathologie nécessitant un traitement immédiat, parfois chirurgical.
Une petite anecdote illustre bien cela : lors d’un week-end prolongé, une famille a attendu deux jours avant de consulter, pensant que les traces de sang disparaîtraient. Leur chien souffrait en réalité d’une invagination intestinale, une urgence chirurgicale.
À l’inverse, un autre maître, plus inquiet, s’est précipité dès la première goutte de sang… et il ne s’agissait que d’une colite bénigne. La morale ? Mieux vaut être trop prudent que pas assez, mais sans céder à la panique.
Comment soigner un chien qui a du sang dans les selles ?
La réponse dépend bien sûr de la cause. Pour une irritation bénigne, le vétérinaire peut recommander un repos digestif de 12 à 24 heures, suivi d’une reprise alimentaire douce (riz, poulet bouilli, croquettes spécifiques).
Des pansements digestifs ou probiotiques sont parfois prescrits pour rééquilibrer la flore intestinale. Si des parasites sont identifiés, un traitement vermifuge adapté règle souvent le problème.
Dans les cas plus sérieux, le traitement peut inclure des antibiotiques, une fluidothérapie pour compenser la déshydratation, voire une chirurgie en cas d’obstruction.
Les statistiques rappellent d’ailleurs que près de 20 % des cas graves de selles sanglantes chez le chien impliquent une obstruction par corps étranger. Cela explique pourquoi les vétérinaires insistent toujours sur la nécessité d’imageries (radiographie, échographie) lorsque le doute persiste.
Pour le maître, le rôle est d’abord d’observer et de rapporter fidèlement les symptômes : couleur, fréquence, comportement du chien. Certains vétérinaires conseillent même de prendre une photo des selles (peu glamour mais diablement utile !).
Enfin, il ne faut jamais tenter de soigner son chien avec des médicaments humains : certains anti-inflammatoires ou antalgiques sont extrêmement toxiques pour eux. L’automédication est un vrai piège.
Conclusion
La présence de sang dans les selles d’un chien est toujours un signal à prendre au sérieux. Dans certains cas, il s’agit d’une irritation bénigne qui se règle en quelques jours, mais dans d’autres, c’est le signe avant-coureur d’une affection grave.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : jusqu’à 30 % des cas nécessitent une prise en charge vétérinaire immédiate. Votre rôle, en tant que maître attentif, est d’observer, d’agir avec discernement et de consulter dès que les symptômes persistent ou s’aggravent.
Après tout, mieux vaut une consultation rassurante qu’un drame évitable. Et rappelez-vous : un petit détail dans les selles peut parfois sauver une grande vie.
