Imaginez votre chien, habituellement si joyeux et plein d’énergie, qui soudain se recroqueville, refuse sa gamelle ou vomit de manière répétée. Ces signes, parfois pris pour une simple « indigestion », peuvent cacher une affection bien plus fréquente qu’on ne le pense : la gastrite.
Mais qu’est-ce que c’est réellement ? Et surtout, comment l’aider sans paniquer ? Plongeons ensemble dans un sujet aussi sérieux que fascinant.
Qu’est-ce que la gastrite ? Une inflammation plus fréquente qu’on ne le croit
La gastrite, c’est une inflammation de la muqueuse de l’estomac. Dit comme ça, cela semble très médical, mais concrètement, cela veut dire que l’estomac de votre chien s’irrite, un peu comme le nôtre après un excès de café ou un repas trop épicé. On distingue généralement deux formes :
- La gastrite aiguë, soudaine et passagère. Elle survient souvent après une bêtise alimentaire (une poubelle fouillée, un reste de table trop gras) et peut disparaître en quelques jours.
- La gastrite chronique, plus insidieuse, qui s’installe dans la durée. Elle peut être liée à des allergies, une infection bactérienne ou une autre maladie digestive.
Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas si rare. Une étude vétérinaire internationale estime que 35 % des chiens examinés pour des vomissements chroniques présentent une gastrite. Plus étonnant encore : entre 26 et 48 % des chiens sans symptômes visibles montrent aussi des signes de gastrite à l’examen interne. Autrement dit, votre compagnon peut souffrir en silence sans que vous ne vous en rendiez compte.
Quels sont les symptômes de la gastrite chez le chien ?
Reconnaître les signaux d’alerte n’est pas toujours évident. Pourtant, certains symptômes reviennent fréquemment :
- Les vomissements, parfois accompagnés de bile ou de sang. Si vous retrouvez régulièrement des flaques jaunâtres sur le carrelage, ce n’est pas anodin.
- La perte d’appétit : un chien qui refuse sa gamelle alors qu’il est d’ordinaire gourmand doit éveiller vos soupçons.
- La fatigue et la faiblesse : votre compagnon semble soudain abattu, dort beaucoup plus, et son regard paraît éteint.
- Les douleurs abdominales : certains chiens adoptent une posture particulière, dite de « prière » (pattes avant au sol, arrière levé), signe qu’ils cherchent à soulager leur ventre.
- Les petits indices subtils : halitose (mauvaise haleine), salivation excessive, envie soudaine de manger de l’herbe.
Dans les cas graves, on peut aussi observer des selles noires (méléna), signe d’une hémorragie interne, ou une perte de poids progressive. À noter que dans une étude iranienne, 40 % des chiens examinés par biopsie avaient une gastrite chronique, alors que seulement 13 % présentaient des lésions visibles à l’endoscopie. Autrement dit, les signes cliniques ne disent pas toujours tout, et seule une investigation vétérinaire approfondie peut trancher.
Comment soulager la gastrite chez un chien ?
Le repos digestif
La première mesure est simple mais efficace : un jeûne de 12 à 24 heures. Cela peut sembler cruel, mais laisser l’estomac au repos évite d’aggraver l’inflammation. Bien sûr, l’eau fraîche reste disponible en permanence.
L’alimentation adaptée
Après ce repos, il faut réintroduire la nourriture progressivement, en commençant par des repas très digestes : du riz bien cuit, un peu de blanc de poulet bouilli. Des petites portions, plusieurs fois par jour, plutôt qu’un gros repas. Dans certains cas, le vétérinaire prescrira des croquettes hypoallergéniques spécialement conçues pour soulager le système digestif. Imaginez cela comme une sorte de menu « gastro-friendly » digne d’une cure thermale… mais version canine.
Les traitements médicaux
Lorsque la gastrite persiste, les médicaments entrent en jeu. Le vétérinaire peut prescrire :
- des antiémétiques, pour stopper les vomissements,
- des pansements gastriques ou antiacides, qui forment une barrière protectrice sur l’estomac,
- et parfois des antibiotiques, notamment si une infection bactérienne comme Helicobacter est suspectée.
Fait intéressant : certaines recherches montrent que l’infection à Helicobacter spp. est présente chez 61 à 100 % des chiens testés, mais sans lien direct et systématique avec la gastrite chronique. Ce paradoxe fascine encore les chercheurs.
Les cas particuliers des chiens sportifs
Chez les chiens de traîneau ou les chiens détecteurs (comme ceux utilisés par les douanes), les chiffres sont alarmants: 50 à 70 % des chiens présentent des lésions gastriques après une seule journée d’effort intense.
Et chez les retrievers entraînés pour la détection d’explosifs, une étude a montré que 84 % souffraient d’ulcères sévères après seulement cinq jours consécutifs d’activité intense.
Voilà qui rappelle que la gastrite n’est pas qu’une affaire de « mauvaise croquette », mais aussi de physiologie poussée à l’extrême.
Prévention et suivi
Prévenir vaut mieux que guérir. Évitez les changements alimentaires brusques, surveillez ce qui traîne sous la table et assurez un suivi vétérinaire régulier.
Notez dans un petit carnet les épisodes de vomissements ou de perte d’appétit : cela aide le vétérinaire à poser un diagnostic précis. Et surtout, ne donnez jamais de traitements humains en pensant bien faire. Certains anti-inflammatoires courants pour nous peuvent être fatals pour eux.
Conclusion
La gastrite chez le chien peut être impressionnante, mais elle n’est pas forcément dramatique. Un tiers des chiens qui vomissent régulièrement en souffrent, et près d’un sur deux sans symptôme en porte aussi les stigmates.
La vigilance du maître, alliée à un suivi vétérinaire rigoureux, permet la plupart du temps de soulager rapidement l’animal. Et surtout, souvenez-vous : un chien qui ne mange plus ou qui vomit à répétition ne cherche pas à vous faire culpabiliser. Il vous envoie simplement un signal.
À vous de tendre l’oreille… ou plutôt de garder l’œil ouvert sur son estomac capricieux.
